Abbatiale

            Arrêt sur la façade de l’abbatiale de Berteaucourt-les-Dames         

                    

    L’abbaye de Berteaucourt-les-Dames a été fondée en 1095 par Saint-Gauthier, abbé de Saint- Martin de Pontoise tout près de l’endroit qu’il avait choisi pour se retirer loin du monde.
Rappelé à Pontoise, par ses obligations, il chargea deux de ses amies, Godeline et Héléguide, de fonder un monastère près de son ermitage du bord de Nièvre. Ce monastère bénédictin a été sous l’ancien régime l’un des principaux établissements religieux de l’amiénois. Son église abbatiale, protégée par les monuments historiques dès 1840 offre l’un des rares témoignages d’une façade romane encore en élévation dans le département. Arrêtons-nous quelques instants sur cette façade occidentale à l’allure poitevine.
Le style roman apparaît au premier coup d’œil : portail en plein cintre, petites baies en plein cintre, modillons sculptés de têtes monstrueuses, mais il faut un peu de temps pour sentir l’influence du philosophe et théologien Gauthier. La façade harmonique est organisée comme le discours argumenté d’un universitaire. Les trois niveaux de l’élévation extérieure reflètent les trois niveaux de l’architecture intérieure. Le premier niveau qui s’ouvre sur le portail central renvoie à la nef rythmée par les piliers couronnés de chapiteaux historiés. Le deuxième niveau, inscrit entre les deux corniches et percé d’une baie en plein cintre renvoie au deuxième niveau de l’élévation intérieure rythmé lui aussi de baies en plein cintre. Enfin, le troisième niveau de la façade se termine en pignon à deux pans à hauteur de la voute et des combles. La structure de l’édifice transparaît ainsi dans l’organisation rationnelle de la façade. Cette conception harmonique promise à un grand succès dans l’art gothique a été mise en œuvre dès 1066 dans l’élévation de Saint-Etienne de Caen.
Les bâtisseurs de l’abbatiale de Berteaucourt-les-Dames semblent bien au fait de cette nouveauté.
L’observation attentive des décors sculptés de la façade nous en apprend encore davantage sur la connaissance des bâtisseurs des tendances artistiques de leur temps, ainsi que sur les exigences théologiques du commanditaire.
Les cordons de voussures du portail central portent un véritable programme sculpté savant.
Le premier cordon est orné de feuilles d’acanthes, l’un des motifs végétaux les plus prisés des tailleurs d’images romanes dont le feuillage très découpé évoque les souffrances du Christ. Au deuxième cordon, les anges sortent des nuées et couronnent les sibylles et prophètes. Le troisième cordon est dominé par la figure du Christ qui couronne la religion chrétienne et bande les yeux de la religion juive, tandis que Jacob combat l’ange et qu’Abraham pose une main sur la tête du fils
qu’il s’apprête à sacrifier. La relation entre l’Ancien et le nouveau Testament est exprimé ici de manière très claire.
Au niveau supérieur, le grand médaillon circulaire qui orne le pignon et semble annoncer la naissance une rose gothique développe la même fibre théologique. Au centre du médaillon, Le Christ sur la Croix entouré de Marie et Jean, est accompagné aussi – et c’est original – d’Adam et Eve nus au registre inférieur. Ce décor roman est inédit dans le département de la Somme. Il faut se rendre à l’église Notre-Dame la Grande de Poitier pour observer un décor comparable qui a sans doute inspiré des bâtisseurs de Berteaucourt-les-Dames.    

  source :
www.nievresomme.fr, Culture, Patrimoines culturels, Les découvertes de 2014       


La nef

                                                                            L’autel

              Le monument funéraire d’Antoinette Charlotte de Halluin

 

L’église est installée dans la nef de l’antique abbatiale qui fut construite des années 1100 à 1140 environ, elle formait le côté sud de l’abbaye.

C’est une église Romane. Elle est construite en pierre de craie du pays.

 

Le plan primitif consistait en une nef de 7 travées flanquée de collatéraux, d’un transept de trois travées sur lequel s’ouvraient deux absidioles et d’un chœur simple de deux travées et une abside.

 

La tour beffroi fut érigée au XIII siècle. Le haut de cette tour aurait été construit au XVI siècle. Appelé clocher de la paroisse il fut restauré en 1745. En 1766, on construisit la flèche du clocher qui était auparavant couvert d’une plateforme en bois recouvert de plomb.

En 1643 la réforme est instituée à l’abbaye Notre Dame, séparation de l’église paroissiale et l’église des religieuses. 

En 1774, 3 nouvelles cloches furent installées. Elles eurent pour marraine et pour parrain :

La première (la plus grosse) : MARIE, Mme l’Abbesse de Carondelet et M. de Saint Léger.

La deuxième : ELISABETH, Mme de Saint Léger  et  M. de Fontaine.

La troisième : JEANNE, Mme de Fransu et M. de Fransu.

Seule relique actuellement visible à l’intérieur de l’église dans le collatéral sud : un fragment de côte de Saint Gautier dans une châsse.
(relique donnée à l’abbesse Claire de Longueval par Mgr le Cardinal Bouillon, neveu de Turenne, abbé de l’abbaye de Saint Martin de Pontoise, à la demande de la duchesse d’Estrées).